La fin du journalisme est une chimère
Ce 17 mars au matin, les auditeurs de France
Info remerciaient les journalistes pour le travail fourni pendant la crise du
coronavirus. La veille, plus de 35 millions de téléspectateurs ont suivi l’allocution
du président de la République, signe que les médias ont encore un rôle
important à jouer, notamment dans les situations de crise, imposant une
information constante de la population. Pour autant, les citoyens font de moins
en moins confiance aux médias, et ce, quelque soit le support. Selon une étude
Kantar réalisée pour le journal La Croix, seuls 59% des Français déclarent suivre l’actualité avec un grand intérêt.
Le
contexte de pandémie met à rude épreuve la mobilisation des rédactions
en télévision, presse, radio ou web. De nombreux journaux ont d’ailleurs choisi de diffuser gratuitement un plus grand panel de contenu, d’habitude réservé aux
abonnés, à l’instar du Monde ou du Figaro. Mais malgré le regain de popularité, les
médias restent l’un des principaux acteurs pointés du doigt pour la diffusion et
la circulation de fausses informations.
La crise sanitaire actuelle est donc révélatrice de la relation ambiguë qu’entretiennent supports
médiatiques et audiences, entre méfiance et interdépendance. Elle nous invite à
repenser le modèle journalistique communément admis pour recréer une confiance
et renouer le lien entre le journalisme et les citoyens.
La
crise de la confiance médiatique se traduit par une fuite de l’intérêt
médiatique. Selon la même étude de l’institut Kantar, 4 français sur 10 se détournent de l’information. L’objectif est donc de
reconnecter la population avec les médias. Il implique un remaniement de la
méthode de traitement de l’information et une adaptation aux nouvelles
habitudes de consommation.
Du 4novembre 2019 au 3 février 2020, les Français étaient invités à faire part de
leurs recommandations pour améliorer le
traitement de l’information. A l’assemblée générale de clôture des discussions
du 20 février 2020, il est ressorti un besoin pressant de clarification concernant
les prises de position de certains journalistes éditorialistes, de débats contradictoires
impliquant parfois des citoyens non-experts mais aussi d’un développement de la
diversité sur la scène médiatique.
Une
initiative équivalente intitulée « Comment les médias peuvent-ils améliorer notre société » avait été lancée début juillet 2019. Les
consultés ont souhaité affirmer leur attachement au traitement moins rapide et plus
approfondi de l’information. Les médias ont donc à réfléchir sur leur manière
de traiter l’actualité.
Dans
le cadre du traitement des fakes news, un enjeu essentiel de la perte de
confiance, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pousse les plateformes numériques
telles que Facebook, Google et Twitter, à prendre des mesures concrètes pour
lutter contre la désinformation. Celles-ci ont jusqu’au 31 mars pour rendre
compte de la politique mise en œuvre.
Indépendance est égale à popularité ?
Même
si le tableau parait pour l’instant relativement sombre, d’autres médias
parviennent déjà à tirer leur épingle du jeu. Au Liban, le média indépendant et
partisan Mégaphone, né dans le contexte du mouvement populaire d’autonome 2019,
prône une indépendance qui semble faire recette. En une semaine, la plateforme diffusant
des vidéos capitalise 750 000 vues par semaine pour un pays de 6 millions
d’habitants.
En France,
le pureplayer Médiapart est aussi un exemple criant de la corrélation entre indépendance et
popularité. En juillet 2019, le journal numérique se dotait d’une nouvelle
forme juridique exclusive en France en cédant l’ensemble de son capital à la
structure non-lucrative Le Fonds pour une presse libre. A la fin de l’année2019, il comptait 170 000 abonnés, soit une progression de 13% par rapport
à 2018.
Lili PILLOT.
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